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Page:Schoonbroodt - Une petite bourgeoise, 1916.djvu/18

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Monsieur Ramelin, craignant de se compromettre, détourne la tête. Jean rit sous cape et mord à pleines dents dans la croûte coriace d’un petit pain. Sa mère, se doutant qu’il vient de commettre l’une de ces incartades qui lui sont familières, l’apostrophe d’un bout de la table à l’autre.

Madame Dumortier. — Jean, voulez-vous bien manger avec de plus petites bouchées. Vous avez l’air d’un paysan des Ardennes. On a d’autres manières quand on est chez les gens.

Madame Ramelin. — Les jeunes gens sont de vrais diables, Madame Dumortier. C’est de leur âge… (À Madame Brayant) Mais, vous m’y faites songer : on n’a point encore entendu la charmante voix de Mademoiselle Émerance.

Hector Ramelin est resté muet jusque-là. Sa mère vient de l’encourager d’un sourire cinglant comme un coup de fouet.

Hector Ramelin. — C’est vrai. Votre jeune fille touchait si bien du piano, jadis. Elle s’accompagnait elle-même.

Madame Dumortier (qui se sent handicapée par les Ramelin). — C’était délicieux…

Madame Brayant. — Mesdames, je vous en supplie. Épargnez la modestie de cette enfant…

Monsieur Brayant (se levant brusquement et jetant