III.
Où Mademoiselle Émerance
rentre du théâtre…
uelques jours plus tard, nous nous retrouvons dans la salle à manger des Brayant. Il est tard et le digne pharmacien a mis les volets à son officine. Il s’occupe
à attiser le feu, car il attend sa femme et sa fille qui se sont
rendues au Théâtre Royal, où les ont accompagnées Mesdames
Ramelin et Dumortier. Le fils de cette dernière est
allé les attendre à la sortie du spectacle, pour les conduire
chez Brayant, d’où il doit ramener sa mère.
Voici l’envahissement de la maison silencieuse. Envahissement bruyant, « comme dans le grand monde ». Les dames sont en cheveux et sont munies d’éventails de dimensions, mais elles ont fait à pied le chemin du retour, question d’économies. Mademoiselle Émerance, la jupe haut retroussée, contre la boue noire et gluante de la chaussée, une vraie boue liégeoise qui se reconnaît entre mille, laisse voir le bord festonné d’un jupon de molleton.
À peine entrée dans l’allée, Madame Brayant s’agite.
Madame Brayant. — Vite, le café et la couque à l’anis ! Nous mourons littéralement de faim et de soif.