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Page:Schoonbroodt - Une petite bourgeoise, 1916.djvu/63

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Madame. — Nicolas, je t’avais prévenu. Si tu avais forcé notre Jean à marier Mademoiselle Émerance, tu n’aurais pas dû avoir recours à la générosité d’un Ramelin !

Monsieur. — Mélanie, ne m’accable pas. Est-ce bien le moment des reproches ?… Va, crois-moi, nous avons eu des torts réciproques. Peut-être n’ai-je pas montré assez d’autorité ; mais toi, crois-tu vraiment que c’était le bon moyen de faire apprécier ton fils, que de lui adresser tes éternelles bourrades devant les étrangers et de le traiter toi-même de gâcheur de toile ?

Madame (piquée). — C’est à moi… à moi que tu oses reprocher ?

Monsieur (calme). — Ta nervosité naturelle, le désir même que tu avais de marier Jean, cette obsession l’a fait détester des Brayant. Comme notre enfant ne se sentait pas sympathique pour deux sous, il n’a pu s’attacher. C’est lentement et progressivement que cela se fait et non par ordre.

Madame (fondant en larmes). — Oh ! c’est trop fort ! Moi ! moi qui l’aime mieux que toi, mon fils…

Monsieur. — Je ne t’ai jamais soupçonnée de ne point l’aimer.