Page:Schoonbroodt - Une petite bourgeoise, 1916.djvu/93

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Madame, (courant à son fils). — Toi !

Jean. — Maman !

Madame. — Mon fils !… mon fils !… on m’a rendu mon grand fils !…

Monsieur. — « Notre » grand… Mélanie… Il est bien un peu à moi aussi… (D’un air étonné.) Ah ça, fiston, tu as bonne mine…

Madame. — As-tu faim ?

Jean. — Je meurs même de faim…

Monsieur. — Il y a longtemps que tu n’as plus mangé ?

Jean. — Mais, depuis midi…

Madame. — Tu dois avoir froid. Fais aller le feu, mon homme…

Jean. — Inutile, papa. Je n’ai pas froid, car j’étais chaudement habillé…

Madame (avec un cri de joie). — Il n’a pas froid !…

Monsieur (même jeu). — Il a mangé à midi !…

Jean (qui comprend enfin). — Mais oui, mes bons, mes chers bons parents, je vois ce qui vous étonne… Votre grand fils n’a ni froid, ni faim, et cela vous réjouit parce que vous le pensiez pauvre et affamé par cette nuit de Noël. Non, je voulais tout simplement passer les Matines, comme au bon temps où j’étais encore un tout petit garçon avec de courtes