Page:Schoonbroodt - Une petite bourgeoise, 1916.djvu/94

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culottes… et autour d’un bon feu qui ronfle… Ce n’est pas l’estomac qui me ramène, c’est le cœur…

Il est assis auprès du calorifère. Sa mère lui présente un verre de vin chaud qui fume et parfumé par la cannelle et le citron. Monsieur Dumortier, dans son fauteuil, regarde son fils avec attendrissement.

Jean (joyeux). — À propos de cœur, savez-vous qui je viens de rencontrer à la frontière ?

Madame. — Tu veux que je devine ?

Jean. — Tu ne trouverais pas. J’ai croisé Émerance Brayant qui filait sur Paris en compagnie d’un cabot. En voilà une que j’ai bien fait de ne pas vouloir pour femme…

Monsieur. — En tout cas, je m’aperçois d’une chose… (montrant à sa femme le bel habit que porte son fils) c’est que, ne te voulant pas pour mari, Émerance a manqué son train.

Il va être minuit. La table est mise et sur un beau plat de faïence aux grandes fleurs bleues, s’allongent les boudins rouges et blancs.

Jean. — À table !… Aujourd’hui, c’est moi qui commande la manœuvre. Vous autres à chaque bout et moi au milieu… vraiment bien chez soi… bien au milieu des siens. Et maintenant, je vous l’ai dit : j’ai