Page:Schopenhauer - Éthique, Droit et Politique, 1909, trad. Dietrich.djvu/126

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et une physionomie du dernier ordre, en conversation avec un homme dont la figure révélerait la plus grande supériorité intellectuelle, mais qui serait revêtu de haillons.

Une amélioration radicale de la société humaine, et, par là, des conditions humaines en général, ne pourrait se produire d’une manière durable, que si l’on réglait la liste des rangs positive et conventionnelle d’après la nature. Ainsi les parias s’acquitteraient des occupations les plus viles, les soudras se consacreraient aux travaux purement mécaniques, les vaysias à la haute industrie, et seuls les véritables tchatrias seraient hommes d’État, généraux et princes ; quant aux arts et aux sciences, ils ne seraient cultivés que par les brahmines. Tandis qu’aujourd’hui la liste conventionnelle des rangs est bien rarement en accord avec la liste naturelle, ou plutôt est fréquemment en opposition criante avec elle. Mais, cela fait, on aurait enfin une vita vitalis. Sans doute, les difficultés sont incommensurables. Il serait nécessaire que chaque enfant choisît sa vocation non d’après l’état de ses parents, mais d’après l’avis d’un profond connaisseur des hommes.

Agir par instinct, c’est là un acte que l’idée du but ne précède pas, comme pour tout autre acte, mais au contraire suit. L’instinct est par conséquent la règle a priori d’un acte dont le but peut être inconnu, vu que l’idée de celui-ci n’est pas nécessaire pour parvenir à lui. Par contre, l’acte raisonnable ou intelligent obéit à une règle que l’intelligence, conformément à l’idée d’un but, a trouvée elle-même. Aussi cette