Page:Schopenhauer - Aphorismes sur la sagesse dans la vie, 1880, trad. Cantacuzène.djvu/187

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plus limités. Ce même sentiment produit aussi le plaisir que nous trouvons à ce qu’on appelle des tableaux de genre. En conséquence, nous trouverons du bonheur dans la plus grande simplicité possible de nos relations et même dans l’uniformité du genre de vie, tant que cette uniformité n’engendrera pas l’ennui : c’est à cette condition que nous porterons plus légèrement la vie et son fardeau inséparable ; l’existence s’écoulera, comme un ruisseau, sans vagues et sans tourbillons.

7° Ce qui importe, en dernière instance, à notre bonheur ou à notre malheur, c’est ce qui remplit et occupe la conscience. Tout travail purement intellectuel apportera, au total, plus de ressources à l’esprit capable de s’y livrer, que la vie réelle avec ses alternatives constantes de réussites et d’insuccès, avec ses secousses et ses tourments. Il est vrai que cela exige déjà des dispositions d’esprit prépondérantes. Il faut remarquer en outre que, d’une part, l’activité extérieure de la vie nous distrait et nous détourne de l’étude et enlève à l’esprit la tranquillité et le recueillement réclamés, et que, d’autre part, l’occupation continue de l’esprit rend plus ou moins incapable de se mêler au train et au tumulte de la vie réelle ; il est donc sage de suspendre une telle occupation lorsque des circonstances quelconques nécessitent une activité pratique et énergique.

8° Pour vivre avec prudence parfaite et pour retirer de sa propre expérience tous les enseignements qu’elle contient, il est nécessaire de se reporter souvent en arrière par la pensée et de récapituler ce qu’on a vu, fait, appris