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DE LA PREMIÈRE CLASSE D’OBJETS POUR LE SUJET

que nous autres, après en avoir fait l’usage décrit plus haut, nous les rejetons sans plus nous les rappeler. Nous apprendrons à mieux connaître encore cette opération, en passant maintenant à l’étude d’une quatrième, intimement liée à la précédente et qui l’explique en même temps.

Cette quatrième opération consiste en effet à reconnaître la distance des objets ; or c’est là la troisième dimension, dont il a été question ci-dessus. Dans la vision la sensation nous donne bien, ainsi que nous l’avons dit, la direction dans laquelle sont situés les objets, mais leur distance ; elle ne donne donc pas leur place. En conséquence, la distance doit être trouvée par un travail de l’entendement, c’est-à-dire qu’elle doit résulter de déterminations causales. La plus importante de ces déterminations, c’est l’angle visuel sous lequel l’objet se présente : toutefois c’est là un élément éminemment équivoque et qui ne peut rien décider à lui tout seul. Il est comme un mot à double sens : c’est de l’ensemble seulement que peut ressortir la signification que l’on a entendu lui donner. Car, à angle visuel égal, un objet peut être petit et rapproché, ou grand et éloigné. L’angle visuel ne peut nous servir à reconnaître son éloignement que si sa grandeur nous est déjà connue par d’autres moyens, comme aussi, à l’inverse, il nous donnera la grandeur si la distance nous est connue, d’autre part. C’est sur la décroissance de l’angle visuel en rapport avec l’éloignement qu’est basée la perspective linéaire dont nous pouvons facilement déduire ici les principes. La portée de la vue étant égale dans toutes les directions,