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DE LA PREMIÈRE CLASSE D’OBJETS POUR LE SUJET

cela vaut. Rien qu’ « expérience » ! (sic), voilà leur mot d’ordre ; mais il est fort rare de rencontrer un peu de réflexion juste et sincère sur les phénomènes observés : « expérience, expérience » (sic), et là-dessus ensuite rien que des niaiseries.

Pour en revenir à ces données subsidiaires formant le commentaire d’un angle visuel donné, nous trouvons, en premier lieu, les « mutationes oculi interni » au moyen desquelles l’œil accommode son appareil optique réfringent, en augmentant ou en diminuant la réfraction, selon les différentes distances. En quoi consistent physiologiquement ces modifications, voilà sur quoi l’on n’est pas encore fixé. On a voulu trouver l’explication dans une augmentation de convexité, tantôt de la cornée, tantôt du cristallin ; mais la théorie la plus récente, émise déjà du reste par Képler dans ses points principaux, est celle qui me paraît la plus vraisemblable ; d’après cette théorie, le cristallin est poussé en arrière pour la vision de loin, et en avant pour la vision de près, en même temps que le bombement en est augmenté par la pression latérale : de cette façon, le procédé serait tout à fait analogue au mécanisme du binocle de théâtre. On trouve cette théorie exposée en détail dans le mémoire de A. Hueck sur « les mouvements du cristallin », publié en 1841. Quoi qu’il en soit, si nous n’avons pas une conscience bien distincte de ces modifications internes de l’œil, nous en avons cependant un certain sentiment, et c’est celui-ci dont nous nous servons immédiatement pour apprécier la distance, Mais, comme ces modifications ne servent à rendre la