Page:Schopenhauer - De la quadruple racine, 1882, trad. Cantacuzène.djvu/120

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
103
APRIORITÉ DE LA NOTION DE CAUSALITÉ

vision parfaitement distincte que pour une distance comprise entre 7 pouces et 16 pieds, il s’ensuit que la donnée en question ne peut être utilisée par l’entendement qu’en dedans des mêmes limites.

Au delà, c’est alors la seconde donnée qui trouve son application : à savoir l’angle optique, formé par les deux axes visuels et que nous avons expliqué en parlant de la vision simple. Évidemment, cet angle diminue à mesure que l’éloignement augmente, et va croissant à mesure que l’objet se rapproche. Ces différentes directions mutuelles des yeux ne s’effectuent pas sans produire une légère sensation ; mais celle-ci n’arrive à la conscience qu’en tant que l’entendement l’utilise comme donnée qui lui sert à l’appréciation intuitive de l’éloignement. Cette donnée permet de reconnaître non seulement la distance, mais en outre la place précise qu’occupe l’objet, et cela au moyen de la parallaxe des yeux, qui consiste en ce que chacun des deux yeux voit l’objet dans une direction légèrement différente, ce qui fait que celui-ci semble se déplacer quand on ferme un œil. C’est parce que cette donnée manque qu’il est difficile d-arriver à moucher une chandelle quand on ferme un œil. Mais comme, aussitôt que l’objet est situé à 200 pieds ou au delà, les yeux prennent des directions parallèles, comme par conséquent l’angle optique disparait totalement, cette donnée ne peut avoir d’effet que jusqu’à cette distance.

Au delà, c’est la perspective aérienne qui vient au secours de l’entendement ; les signes par lesquels elle lui indique que l’éloignement augmente sont que toutes les couleurs