Page:Schopenhauer - De la quadruple racine, 1882, trad. Cantacuzène.djvu/163

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
146
DE LA PREMIÈRE CLASSE D’OBJETS POUR LE SUJET

« Ουϰ ἐςτι αλλήλων ἐχόμενϰ τα νύν, » il la rend ainsi : Entre deux instants il y a toujours un temps (« Zwischen zwei Augenblicken ist immer eine Zeit ») ; on peut objecter à cette expression que, « même entre deux siècles, il n’y a pas de temps, car dans le temps, comme dans l’espace, il faut toujours qu’il y ait une limite pure. » Ainsi, au lieu de mentionner Aristote, Kant, dans le premier et le plus ancien des exposés dont nous ayons parlé, veut identifier la doctrine qu’il professe avec la « lex continuitatis » de Leibnitz. Si en effet la doctrine de Kant et celle de Leibnitz étaient identiques, ce dernier-là tiendrait d’Aristote. Or Leibnitz a d’abord posé cette « loi de la continuité » (de son propre aveu, p. 189 des Opera philos., éd. Erdmann) dans une lettre adressée à Bayle (ibid., p. 104), où il la nomme « principe de l’ordre général », et sous ce nom il présente un raisonnement très général, très vague, principalement géométrique, et qui ne se rapporte pas directement à la question du temps du changement, dont il ne fait même pas mention.