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DE LA QUATRIÈME CLASSE D’OBJETS POUR LE SUJET

soi n’est pas absolument simple ; elle se décompose, tout comme la conscience du monde extérieur (c’est-à-dire la faculté de perception), en quelque chose qui connaît et quelque chose qui est connu. Dans la présente classe, ce qui est connu se présente toujours et exclusivement comme volonté.

En conséquence, le sujet ne se connaît que comme voulant, mais non comme connaissant. Car le moi qui se représente, le sujet connaissant, ne peut jamais être lui-même représentation ou objet, parce que, étant le corrélatif nécessaire de toutes les représentations, il est leur condition même ; c’est à lui que s’appliquent ces belles paroles du livre sacré de Oupanishad : Id videndum non est : omnia videt ; et id audiendum non est : omnia audit ; sciendum non est : omnia scit ; etintelli-gendum non est : omnia intelligit. Præter id, vidons, et sciens, et audiens, et intelligens ens aliud non est. — Oupnekat, vol. I, p. 202.

Il n’existe donc pas de connaissance de la connaissance ; car il faudrait pour cela que le sujet se séparât de la connaissance et pût néanmoins connaître la connaissance, ce qui est impossible.

On peut me faire une objection. « Non seulement je connais ; mais je sais aussi que je connais, » me dirait-on. À cela je réponds, que ces deux expressions : « je sais que je connais, » et : « je connais, » ne diffèrent que par les termes. « Je sais que je connais » ne signifie pas autre chose que « Je connais », et « Je connais », sans détermination plus précise, ne dit rien d’autre que « moi ».