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LA MÉMOIRE

mieux, ce sont celles qui se rattachent entre elles par une ou par plusieurs des espèces de relation de principe à conséquence ; et que nous nous rappelons plus difficilement celles qui ne se relient pas entre elles, mais qui dépendent de notre volonté en vertu de la loi de motivation, c’est-à-dire celles dont le lien est arbitraire. Car pour les premières la connaissance à priori que nous avons de leur partie formelle nous épargne la moitié de la besogne. C’est cette connaissance, et, en général, toute connaissance à priori, que Platon doit avoir eue en vue quand il a dit qu’apprendre c’est se souvenir.

Quand on veut graver profondément quelque chose dans sa mémoire, il faut autant que possible le rapporter à une image sensible, soit directement, soit par un exemple, soit par une simple comparaison, ou une analogie, ou n’importe comment ; car, ce que l’on perçoit intuitivement adhère bien plus solidement que de simples pensées abstraites, à plus forte raison de simples mots. C’est pourquoi nous retenons bien mieux les événements qui nous ont arrivés que ceux que nous avons lus.