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OBSERVATIONS GÉNÉRALES ET RÉSULTATS

Dans les deux autres cas, c’est-à-dire quand une suite de jugements se fonde en dernière analyse, sur la proposition d’une vérité transcendantale ou métalogique, et que l’on continue à chercher le « pourquoi », il n’y a plus de réponse possible, car la question n’a plus de sens, c’est-à-dire qu’elle ne sait pas quelle raison demander. En effet, la raison suffisante est principe de toute explication ; expliquer une chose signifie ramener son existence ou sa relation présente à l’une des formes du principe de la raison, principe en vertu duquel cette existence ou cette relation doivent être telles qu’elles sont. En conséquence, le principe lui-même, c’est-à-dire le rapport qu’il affirme, sous un de ses quatre aspects, n’est pas explicable au delà : il n’existe pas de principe pour expliquer le principe de toute explication, — de même que l’œil voit tout, excepté lui-même. — Bien qu’il existe des séries de motifs, puisque la détermination en vue d’un but à atteindre devient le motif déterminant de toute une suite de moyens, cependant cette série a toujours à parte priori un dernier terme, qui est une représentation appartenant à l’une des deux premières classes, et c’est sur celle-là que repose le motif qui a eu le pouvoir, à l’origine, de mettre en activité la volition de l’individu. Que le motif ait eu cette puissance, est un datum pour la connaissance du caractère empirique que l’on étudie ; mais la question de savoir pourquoi celui-ci a été mû par ce motif ne trouve pas de réponse, parce que le caractère intelligible est placé en dehors du temps et ne devient jamais objet. La série des motifs a donc pour dernier terme un pareil motif