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LA DOCTRINE DE L’IDÉAL ET DU RÉEL

encore un passage dans le chapitre suivant : « οὑτος ὁ βιος τονχρονον γεννα : διο ϰαι ειρηται ἁμα τῳδε τῳ ραντι γεγονεναι, ὁτι ψυχη αυτον μετα τουδε του παντος εγεννησεν » (haec vita nostra tempus gignit : quamobrem dictum est tempus simul cum hoc universo factum esse : quia anima tempus una cum hoc universo progenuit). Mais le problème, nettement conçu et nettement énoncé, n’en reste pas moins le thème qui caractérise la philosophie moderne, puisque Descartes, le premier, lui consacra l’attention et la méditation voulues : le premier, il fut frappé de cette vérité que nous sommes tout d’abord, limités à notre propre conscience, et que le monde ne nous est donné que comme représentation ; par son célèbre « dubito, cogito, ergo sum, » il voulait mettre en évidence que la conscience subjective, uniquement, est le certain, par opposition à la nature problématique de tout le reste ; il voulait en même temps énoncer cette grande vérité que la conscience de soi est la seule donnée réelle et inconditionnée. En y regardant bien, sa fameuse proposition est l’équivalent de celle qui m’a servi de point de départ : « le monde est ma représentation. » La seule différence, c’est que la sienne fait ressortir la condition immédiate du sujet, la mienne la condition médiate de l’objet. Toutes deux expriment la même idée, mais par deux côtés différents ; l’une en est l’endroit et l’autre l’envers ; dès lors, elles sont entre elles dans le rapport de la loi d’inertie à celle de causalité, ainsi que je l’ai exposé dans la préface à ma Morale (Les deux problèmes fondamentaux de la morale traités dans deux mémoires couronnés, par le Dr Arthur Scho-