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ce qui a été exposé sur le principe

il est question ici ; en outre, il emploie constamment le mot « ἀιτίον » pour désigner toute raison, de quelque nature qu’elle soit : il appelle même très souvent le principe de connaissance, voire même les prémisses d’une conclusion « ἀιτίας », comme par exemple dans la Métaphysique, IV, 18 ; dans la Rhétorique, II, 21 ; dans le De plantis, I, p. 816 (éd. Berlin), et surtout dans les Analytiques postérieures, I, 2, où il appelle nommément les prémisses d’une conclusion « ἀιτίαι τοῦ συμπεράσματος ». Or désigner par un même mot deux notions analogues est un indice que l’on ne connaît pas leur différence, ou du moins qu’on ne la maintient pas fermement : une homonymie accidentelle de choses très dissemblables est un cas tout à fait différent. Son erreur se manifeste le plus clairement dans sa démonstration du sophisme non causæ ut causa (παρά τό μὴ ἀιτίον ὤς ἀιτίον) au livre De sophisticis elenchis, ch. 5. Dans ce passage, il entend par « ἀιτίον » exclusivement la raison démonstrative, les prémisses, donc un principe de connaissance ; en effet, ce sophisme consiste en ce que l’on pose très justement comme impossible une chose qui n’a aucune influence sur la thèse contestée et par laquelle on prétend néanmoins avoir renversé cette thèse. Il n’y est donc nullement question de causes physiques. Mais l’emploi du mot « ἀιτίον » a eu tant d’autorité auprès des logiciens modernes, que, s’en tenant uniquement à cette expression, ils présentent toujours dans leurs démonstrations des fallaciarum extra, dictionem, la fallacia non causse ut causa, comme ils feraient pour l’énonciation d’une cause physique, ce qui n’est pas : ainsi