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LA RACINE DU PRINCIPE

dans l’abîme sans fond du passé, et l’a anéantie à jamais. Cela ne se peut comprendre ni expliquer par de pures notions ; nous le reconnaissons tout immédiatement et par intuition, tout comme la différence entre la droite et la gauche et ce qui en dépend, par exemple pourquoi le gant gauche ne va pas à la main droite.

Puisque tous les cas dans lesquels le principe de la raison suffisante trouve son application, ne se laissent pas ramener à celui de principe logique et conséquence et à celui de cause et effet, il faut que dans cette classification on n’ait pas suffisamment tenu compte de la loi de spécification. Cependant la loi d’homogénéité nous oblige de supposer que ces cas ne peuvent pas varier à l’infini, mais qu’ils doivent pouvoir être ramenés à un certain nombre d’espèces. Avant que je tente de procéder à cette classification, il est nécessaire d’établir le caractère particulier, qui appartient en propre, dans tous les cas, au principe de la raison suffisante ; car il faut toujours fixer la notion du genre avant celle des espèces.

§ 16. — De la racine du principe de la raison suffisante.

Notre faculté de connaissance, se manifestant comme sensibilité externe et interne (réceptivité), comme entendement et comme raison, se décompose en sujet et objet et ne contient rien au-delà. Être objet pour le sujet ou être notre représentation c’est la même chose. Toutes nos représentations sont objets du sujet, et tous les objets du sujet sont nos représentations. Or il arrive que toutes nos représentations sont entre elles dans une liaison