Page:Schopenhauer - De la quadruple racine, 1882, trad. Cantacuzène.djvu/77

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
60
DE LA PREMIÈRE CLASSE D'OBJETS POUR LE SUJET

opuscule et même tous mes autres écrits. Je ne m’en soucie guère ; car je ne suis pas là pour mes contemporains seulement, mais pour de nombreuses générations.

Comme, ainsi que nous le montrerons dans le prochain paragraphe, la loi de causalité nous est connue à priori ; comme, par conséquent, elle est transcendantale, applicable à tout fait d’expérience ; pariant, ne souffrant pas d’exception ; comme, en outre, elle établit qu’à un état donné et déterminé, et qui est relativement premier, doit succéder en vertu d’une règle, c’est-à-dire de tout temps, un second état également, déterminé ; il en résulte que le rapport de cause à effet est un rapport nécessaire ; donc la loi de causalité autorise les jugements hypothétiques et se présente par là sous une forme du principe de raison suffisante sur laquelle doivent s’appuyer tous les jugements hypothétiques et sur laquelle repose toute nécessité, ainsi que nous le montrerons ci-après.

Je nomme cette forme de notre principe le principe de la raison suffisante du devenir, parce que son application présuppose toujours un changement, la production d’un nouvel état, donc un « devenir ». Ce qui le caractérise encore essentiellement, c’est que la cause précède toujours l’effet dans le temps (compar. §47) ; et ce n’est qu’à cela, qu’on peut reconnaître à l’origine, quel est, de deux états joints entre eux par le lien causal, celui qui est la cause et celui qui est l’effet. À l’inverse, il est des cas où l’enchaînement causal nous est connu par une expérience antérieure, mais où la succession des états est si rapide qu’elle se soustrait à notre perception : dans ces