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RAISON SUFFISANTE DU DEVENIR

cas-là, nous concluons en toute assurance de la causalité à la succession ; par exemple, que l’inflammation de la poudre précède l’explosion. Je renvoie sur ce sujet à mon ouvrage : Le monde comme volonté et représentation, second volume, chapitre 4.

De ce rapport intime et essentiel entre la causalité et la succession, il résulte encore que la notion d’action réciproque, prise dans son sens restreint, est nulle, car elle suppose que l’effet est à son tour la cause de sa cause, donc que le conséquent a été en même temps l’antécédent. J’ai exposé tout au long combien cette notion si usuelle est mal fondée, dans Le monde comme volonté et représentation, à l’annexe intitulée Critique de la philosophie kantienne, à laquelle je renvoie le lecteur. On remarquera que les auteurs emploient d’ordinaire cette expression là où ils commencent à ne plus voir bien clair ; c’est pourquoi aussi son usage est si fréquent. Et vraiment, quand les idées font défaut, il n’y a pas de mot mieux fait pour tirer l’écrivain d’embarras que celui d’ « action réciproque » ; aussi le lecteur peut-il le considérer comme une espèce de signal d’alarme indiquant que l’on aborde un terrain semé d’abîmes. Remarquons encore à ce sujet que cette expression Wechselwirkung ne se rencontre qu’en allemand et qu’aucune autre langue ne possède pour la rendre un équivalent usuel.

De la loi de causalité découlent deux corollaires importants, qui lui doivent leur caractère authentique de connaissance à priori, placées par conséquent hors de tout doute et ne comportant aucune exception : ce sont la loi