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appendice ii

la suivante : les âmes, avant d’entrer dans des corps et d’être soumises à des genres de vie déterminés, ont la liberté de choisir telle existence ou telle autre, qu’elles devront mener ensuite dans le corps particulier qui convient à chacune d’elles ; en sorte qu’elles peuvent choisir la vie d’un lion, aussi bien que celle d’un homme. Mais une fois qu’elles se sont décidées pour un genre d’existence déterminée, cette liberté leur est enlevée. Puis, quand elles sont descendues dans les corps, et que d’âmes libres elles sont devenues les âmes d’animaux, elles obtiennent le degré de liberté qui convient à la nature de chaque animal. Or cette liberté peut être tantôt très-intelligente et très-mobile[1], comme chez l’homme, tantôt restreinte et peu mobile, comme chez la plupart des autres animaux. Elle dépend étroitement de la nature de chaque animal, et bien qu’elle se meuve par elle-même[2], elle est dirigée par les instincts qui résultent de cette nature[3]. »


fin des appendices.
  1. Πολύνουν ϰαὶ πολὐϰινητὸν… ὀνεγοϰινητὸν ϰαὶ μονοτρόπον.
  2. Κινούμενον μὲν ἐξ αὐτοῦ. — Platon appelle souvent Tâine αὐτοϰινητὸς. (Vis suî motrix.)
  3. Tacite, dont l’éducation philosophique fut certainement platonicienne, fait quelque part à la même doctrine une allusion très-claire qui n’a pas été assez remarquée : « Alii fatum quidem congruere rebus putant, sed non e vagis stellis, verum apud principia et nexus naturalium causarum : ac tamen electionem vitœ nobis relinquunt, quam ubi elegeris, certum imminentium ordinem. » (Ânn. VI, XXII.) On trouvera ce point développé avec quelque détail dans une étude sur La Philosophie de Tacite (Revue de l’Instruction Publique, du 29 janvier 1876).