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essai sur le libre arbitre

peut-on la perdre de vue, sans tomber dans des explications embarrassées, vagues, nuageuses, derrière lesquelles cherche à se dissimuler une timide insuffisance, — comme lorsqu’on parle de raisons n’entraînant pas nécessairement leurs conséquences[1]. Toute conséquence découlant d’une raison est nécessaire, et toute nécessité est la conséquence d’une raison. L’hypothèse d’une pareille liberté d’indifférence entraîne immédiatement l’affirmation suivante, qui est caractéristique, et doit par conséquent être considérée comme la marque distinctive et l’indice de cette idée : à savoir qu’un homme, placé dans des circonstances données, et complètement déterminées par rapport à lui, peut, en vertu de cette liberté d’indifférence, agir de deux façons diamétralement opposées.

qu’entend-on par la conscience ?

Réponse : la perception (directe et immédiate) du moi, par opposition à la perception des objets extérieurs, qui est l’objet de la faculté dite perception extérieure. Cette dernière faculté, avant

  1. C’est le cas de ceux qui répondent aux déterministes « que les motifs éclairent la volonté, mais qu’ils ne la déterminent pas, » ou bien, avec Reid : « qu’ils ne nous déterminent pas, mais nous déterminent seulement à nous déterminer. » Comme si ce n’était pas déjà, objecte M. Fouillée, leur reconnaître une force déterminante !