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essai sur le libre arbitre

du monde extérieur déterminent les actes de la volonté.

C’est donc la volonté qui est l’objet principal, je dirai même l’objet exclusif de la conscience[1]. Mais la conscience peut-elle trouver en elle-même et en elle seule des données suffisantes qui permettent d’affirmer la liberté de cette volonté, dans le sens que nous avons précisé plus haut, le seul d’ailleurs qui soit clair et nettement déterminé ? C’est là même le problème vers la solution duquel nous allons maintenant diriger notre course, après nous en être rapprochés dans ce qui précède, en louvoyant il est vrai, mais déjà toutefois d’une manière notable.

  1. On sait que dans le système de Schopenhauer, la volonté est la chose en soi, le noumenon, mais « la perception interne que nous avons de notre propre volonté, ne peut en aucune façon nous donner une connaissance complète, adéquate de la chose en soi. Cela ne pourrait-être que si la volonté nous était connue immédiatement. Mais elle a besoin d’un intermédiaire, l’intelligence, qui suppose elle-même un intermédiaire : le corps, le cerveau. La volonté est donc, pour nous, liée aux formes de la connaissance ; elle est donnée dans la conscience sous la forme d’une perception et comme telle se scinde en sujet et en objet, etc. » (M. Ribot, p. 91-98.) Voir, pour l’exposition des fondements du système de Schopenhauer, MM. Ribot, La Philosophie de Schopenhauer ; Challemel-Lacour, Revue des Deux-Mondes du 15 mars 1870 ; et Em. Charles, dans le Dictionnaire des sciences philosophiques (nouvelle édition).