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la volonté devant la perception extérieure

La loi de causalité atteste non moins sûrement que lorsque la modification antécédente, — la cause — est entrée en jeu, la modifications conséquente qui est amenée par elle — l’effet — doit se produire immanquablement, et avec une nécessité absolue. Par ce caractère de nécessité, le principe de causalité révèle son identité avec le principe de raison suffisante[1], dont il n’est qu’un aspect particulier. On sait que ce dernier principe, qui constitue la forme la plus générale de notre entendement pris dans son ensemble, se présente dans le monde extérieur comme principe de causalité, dans le monde de la pensée comme loi logique du principe de la connaissance, et même dans l’espace vide, considéré à priori, comme loi de la dépendance rigoureuse de la position des parties les unes à l’égard des autres ; dépendance nécessaire, dont l’étude spéciale et développée est l’unique objet de la géométrie[2]. C’est précisément pour

  1. Ce point de doctrine a été développé par Schopenhaaer dans l’ouvrage qu’on vient de citer. V. aussi quelques belles pages de M. Fouillée, Philosophie de Platon, t. II, p 469 et sq.
  2. « Suivant Schopenhauer, le principe de raison suffisante a quatre formes : 1e Le principe de raison suffisante du devenir qui gouverne tous les changements et constitue ce qu’on appelle d’ordinaire la loi de causalité. 2e Le principe de raison suffisante de la connaissance. Sous cette forme, surtout logique, il règle les concepts abstraits, en particulier le jugement. 3e Le principe de raison suffisante de l’essence qui régit le monde formel, les in-