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essai sur le libre arbitre

et la résultante de toutes ces causes, sous les différentes formes de l’existence végétale et animale[1]

Mais pendant que cette hétérogénéité, cette incommensurabilité, cette obscurité toujours croissante des rapports entre la cause et l'effet se manifestent dans le règne organique, la nécessité que la liaison causale impose se trouve-t-elle atténuée en rien ? Aucunement, pas le moins du monde. La même nécessité qui fait qu’une bille en roulant met en mouvement la bille qui est en repos, fait qu’une bouteille de Leyde, quand on la tient d’une main et qu’on la touche de l’autre, se décharge, — que l’arsenic tue tout être vivant, que le grain de semence, qui, préservé dans un milieu sec, n’a, pendant des milliers d’années, subi aucune transformation, aussitôt qu’on l’enfouit dans un terrain propice, qu’on le soumet à l’action de la lumière, de l’air, de la chaleur, de l’humidité, doit germer, croître, et se développer jusqu’à devenir une plante[2]. La cause est plus compliquée, l’effet plus hétérogène, mais la nécessité de son intervention n’est pas diminuée de l’épaisseur d’un cheveu (sic).

Dans la vie des plantes et dans la vie végétative des animaux, l’excitation et la fonction organique

  1. V. l'ouvrage de Schopenhaur intitulé « La volonté dans la nature, » p. 80 de la 2e édition, où ces idées sont reprises avec quelques développements.
  2. Le fait a été constaté sur des grains de blé trouvés dans des sarcophages égyptiens.