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i. de la connaissance

avec Kant, ce quelque chose la « chose en soi ». Celle-ci doit donc exprimer son essence et son caractère dans le monde de l’expérience ; on doit pouvoir en dégager sa signification, et cela non seulement de la forme, mais de la matière de l’expérience. Ainsi la philosophie n’est rien d’autre que la compréhension exacte et totale de l’expérience elle-même, l’interprétation vraie de son sens et de son contenu. Ce contenu, c’est la réalité métaphysique, c’est-à-dire ce qui est seulement vêtu du phénomène et enveloppé de ses formes, ce qui est au phénomène comme la pensée est au mot.

Il s’agit donc de déchiffrer le monde du point de vue de la réalité métaphysique qui s’y manifeste, et ce déchiffrement doit tenir de lui-même la garantie de sa propre vérité, par la concordance qu’il fait apparaître entre les phénomènes si variés et si disparates de l’Univers et qu’on n’apercevrait pas sans lui. Quand on découvre une écriture dont l’alphabet nous est inconnu, on tente diverses interprétations du sens de ses caractères, jusqu’à ce qu’on tombe sur une hypothèse en vertu de laquelle ceux-ci forment des mots intelligibles et des phrases cohérentes ; dès lors