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la pensée de schopenhauer

aussi il n’y a plus de doute sur la justesse du déchiffrement, parce qu’il n’est pas possible que la concordance et la connexion établies par notre interprétation entre tous les signes de la dite écriture soient l’effet du seul hasard, ni qu’étant donné l’ordre où ces signes se présentent, on y reconnaisse également des mots et des phrases en leur donnant une toute autre valeur. Pareillement, le déchiffrement du monde doit pouvoir tirer de lui-même sa complète confirmation ; il faut qu’il répande la lumière en égale proportion sur tous les phénomènes, qu’il établisse l’harmonie même entre les plus hétérogènes, de façon à résoudre la contradiction entre les aspects les plus opposés de l’Univers.

Cela ne signifie nullement que la métaphysique puisse résoudre tous les problèmes, qu’elle ait réponse à toutes les questions. Elle ne saurait y prétendre sans nier du même coup présomptueusement les limites de toute connaissance humaine. Quelques flambeaux que nous allumions, aussi loin qu’atteignent jamais nos lumières, toujours notre horizon demeurera encerclé de profondes ténèbres. Car la solution définitive de l’énigme du monde devrait nécessairement nous parler des choses telles