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la pensée de schopenhauer

ment un acte du corps, par où il se manifeste ; inversement, et pour la même raison, toute action exercée sur le corps est aussi, du même coup et directement, une action exercée sur le Vouloir ; elle se nomme douleur, si elle est contraire à ce Vouloir, bien-être, volupté, si elle lui est conforme.

La connaissance que j’ai de mon Vouloir, bien qu’immédiate, est inséparable de celle que j’ai de mon corps. Je ne connais pas mon Vouloir dans son ensemble, en tant qu’unité ; je ne le connais pas complètement selon son essence ; je le connais seulement dans la succession de ses actes particuliers, c’est-à-dire dans le temps, qui est la forme de la manifestation de mon corps comme de tout objet. Mon corps est ainsi la condition de la connaissance de mon Vouloir. Je ne puis pas, en réalité, me représenter ce Vouloir sans mon corps.

L’identité du Vouloir et du corps est, de par sa nature même, à jamais indémontrable, c’est-à-dire qu’elle ne peut pas être déduite en tant que connaissance indirecte d’une autre connaissance directe, précisément parce qu’elle est elle-même la connaissance la plus directe ; et si nous ne parvenons pas à la concevoir et à la fixer telle quelle dans notre esprit, nous attendrons en vain de la retrouver quel-