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la pensée de schopenhauer

lier ceux des siècles chrétiens, de représenter l’homme comme aussi différent que possible de l’animal ; et comme ils sentaient néanmoins obscurément que la différence entre l’homme et l’animal gît dans l’intellect et non pas dans le Vouloir, ils devaient éprouver le besoin inconscient de faire de l’intellect la chose principale, l’élément essentiel, jusqu’à considérer le Vouloir comme une simple fonction de cet intellect. — C’est pourquoi aussi la notion d’une âme n’est pas seulement, comme la Critique de la raison pure l’a définitivement démontré, inadmissible en tant qu’hypostase transcendante ; elle est encore la source d’irrémédiables erreurs, en ce sens qu’elle commence par poser, avec sa « substance simple », l’unité indivisible de la connaissance et du Vouloir, alors que c’est précisément de séparer ces deux éléments qui conduit à la vérité.

L’intellect est le phénomène secondaire, l’organisme le phénomène primaire, c’est-à-dire la manifestation immédiate du Vouloir ; le Vouloir est métaphysique, l’intellect physique ; l’intellect, comme ses objets, n’est rien que phénomène ; seul le Vouloir est « chose en soi ». Par comparaison, et dans un