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ii. de la nature

sens toujours plus métaphorique, nous pouvons dire encore : le Vouloir est la substance de l’homme, l’intellect en est l’accident ; le Vouloir est la matière, l’intellect la forme ; le Vouloir est la chaleur, l’intellect la lumière.

On peut aussi considérer la plante comme une image de la conscience. On sait qu’elle a deux pôles, la racine et la couronne, la première plongeant dans l’obscurité, l’humidité, la fraîcheur ; la seconde montant vers la lumière, la sécheresse, la chaleur ; entre ces deux pôles, au ras du sol, comme le point d’indifférence de leurs deux tendances opposées, se trouve le collet (rhizoma). La racine est l’élément essentiel, originel, persistant, dont la mort entraîne avec elle la mort de la couronne, en un mot l’élément primaire ; la couronne, par contre, est l’élément apparent, mais dérivé, qui peut passer sans que la racine meure, c’est-à-dire l’élément secondaire. La racine représente le Vouloir, la couronne l’intellect, et leur point d’indifférence, leur point terminus commun, serait le moi. Ce moi, c’est le sujet temporairement identique de la connaissance et du Vouloir ; identité que j’ai appelée dans mon tout premier