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ii. de la nature

lus de l’œuf aussi bien que sa coquille. Par la voie subjective, en revanche, cet « intérieur » nous est en tous temps accessible ; nous le saisissons alors sous les espèces du Vouloir, et cela tout d’abord en nous-mêmes. Après quoi, guidés par les analogies de la nature avec notre propre être, ayant compris aussi qu’un être en soi, un être indépendant des conditions où les choses sont connues, c’est-à-dire figurées dans un intellect, ne peut se concevoir que comme un Vouloir, nous devons pouvoir déchiffrer aussi l’énigme des autres êtres.

À considérer ainsi, du dehors et objectivement, l’intellect et son origine, sa destination même apparaît clairement. On voit qu’il est uniquement fait pour saisir les fins prescrites à la conservation et à la propagation de la vie individuelle, et nullement pour reproduire les choses et l’Univers dans leur réalité propre, indépendante du sujet connaissant. Ce qu’est pour la plante la sensibilité à la lumière, sensibilité en vertu de laquelle elle conforme sa croissance à la direction de cette lumière, la faculté de connaître, dans son genre, l’est pour l’animal ; elle l’est aussi pour l’homme, bien qu’elle diffère de