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la pensée de schopenhauer

l’un à l’autre par le degré, s’élevant d’ailleurs chez chacun d’eux à la hauteur exigée par leurs besoins respectifs. Pour tous deux, animal et homme, percevoir, c’est uniquement se rendre compte de ses propres relations avec les autres objets. La perception n’a en aucune façon pour but de figurer une seconde fois dans la conscience de l’individu connaissant la réalité véritable et absolue des choses. Tirant son origine du Vouloir, l’intellect est bien plutôt exclusivement destiné au service de ce Vouloir, c’est-à-dire à la perception de ses motifs ; organisé en vue de ce service, il a donc une tendance purement pratique. Ceci peut s’appliquer même à ses préoccupations d’ordre transcendant, s’il est vrai que nous concevions la signification métaphysique de la vie comme une signification morale ; là aussi, en effet, nous voyons l’homme ne connaître qu’en vue d’agir. Une faculté de connaissance ainsi faite, dont les fins sont exclusivement pratiques, ne pourra jamais saisir que les relations des choses entre elles, mais non pas leur nature propre, telle qu’elle est en soi. Or, c’est d’avoir pris cet ensemble de pures relations pour la réalité absolue de l’Univers, d’avoir considéré l’ordre et le mode selon lesquels ces relations se présentent