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la pensée de schopenhauer

ce intérieure, cela même que je reconnais en moi comme mon Vouloir, et qu’elle reconnaîtrait également en elle comme son Vouloir, si la connaissance venait s’y joindre.

L’idée courante qu’on se fait de la nature veut qu’il existe deux principes du mouvement essentiellement différents, c’est-à-dire que le mouvement d’un corps puisse avoir une double origine, soit qu’il procède du dedans, auquel cas on l’attribue au Vouloir, soit qu’il parte du dehors, où l’on admet qu’il est dû à des causes.

Pour moi, comme jadis Abélard, je suis obligé de m’écrier ici : si omnes patres sic, al ego non sic. Aussi ancienne, en effet, et aussi répandue que puisse être cette conception, ma doctrine n’hésite pas à y contredire, tendant tout entière à montrer que le mouvement n’a pas deux origines de nature essentiellement différentes, qu’il est faux qu’il procède soit de l’intérieur, où on l’attribue au Vouloir, soit de l’extérieur, où il serait dû à des causes ; mais qu’au contraire les deux choses dont il s’agit ici sont inséparables et se présentent simultanément dans chaque mouvement d’un corps. Car, d’une part, le mouvement qui, de l’aveu général, résulte du Vouloir,