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ii. de la nature

le serviteur de deux maîtres, en faisant dériver son activité de deux sources complètement différentes, c’est-à-dire en attribuant d’une part les mouvements des bras et des jambes, des yeux, des lèvres, de la gorge et des poumons, des muscles faciaux et abdominaux au Vouloir, et d’autre part les mouvements du cœur et des veines, les mouvements péristaltiques de l’intestin, les mouvements de succion des villosités intestinales et des glandes, et en général ceux qui servent aux sécrétions, à un tout autre principe, inconnu de nous et à jamais mystérieux, qu’on a appelé tour à tour vitalité, force vitale, Archée, « esprits animaux », nisus formativus, tous mots qui ne signifient rien de plus qu’un X.


Vouloir et causalité. De l’intelligible dans la nature.

Spinoza dit quelque part que si une pierre projetée dans les airs par un choc était douée de conscience, elle croirait se mouvoir de sa propre volonté. A cela j’ajoute seulement que cette pierre aurait raison. Car le choc est pour elle ce qu’est pour moi le motif ; et ce qui se manifeste en elle comme cohésion, pesanteur, persistance dans l’état adopté, est, quant à son essen-