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la pensée de schopenhauer

la rigidité, se recherchent ou se fuient, s’unissent ou se séparent ; ou enfin, si nous réalisons l’impression que produit directement sur notre corps le poids d’un fardeau qui l’entrave de son effort à rejoindre la terre, qui le presse infatigablement dans sa persistance à suivre son unique impulsion, nous n’aurons pas besoin d’un grand effort d’imagination pour reconnaître dans tous ces phénomènes, malgré toute la distance qui nous en sépare, le principe même de notre être. Cela même qui, en nous, poursuit à la lumière de la connaissance, l’accomplissement de son désir, y tend ici, à son degré de manifestation le plus faible, aveuglément, sourdement, de façon exclusive et immuable. Mais parce qu’il n’en est pas moins toujours et partout identique à lui-même — et de même que la première aube du jour a droit au nom de lumière solaire aussi bien que le rayonnement du plein midi —, nous devons donner, ici aussi, à ce principe le nom de Vouloir, désignant par là ce qui fait l’essence propre de toutes choses dans l’Univers, la substance foncière unique de tout phénomène.

Le pire des malentendus serait de croire qu’il s’agit ici uniquement d’un mot, que nous adopterions pour désigner une grandeur inconnue, alors qu’il