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ii. de la nature

s’agit au contraire de la plus réelle de toutes les connaissances que nous avons de la réalité. Car, par là, nous ramenons ce qui est entièrement inaccessible à toute prise directe de notre esprit, ce qui nous est donc inconnu et étranger quant à son essence propre, et que nous appelerons force de la nature, à la chose que nous connaissons le plus intimement et le plus exactement, bien qu’elle ne nous soit directement accessible que par un seul point : l’intérieur de notre propre être ; ce pourquoi, précisément, nous devons partir de ce témoignage intérieur, pour l’appliquer à l’interprétation des autres phénomènes. En d’autres termes, nous avons compris que l’élément primordial inhérent à tous les mouvements et à toutes les modifications des corps, aussi multiples et divers qu’ils puissent être, est identique quant à son essence, mais que, toutefois, une seule occasion nous est offerte de l’approcher et d’en prendre directement connaissance, à savoir dans les mouvements de notre propre corps ; expérience qui nous oblige à lui donner le nom de Vouloir. Nous avons compris que le principe vivant et agissant de la nature, manifesté en formes de plus en plus parfaites, après s’être élevé au travers de ces formes jusqu’au point