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la pensée de schopenhauer

où il reçoit directement la lumière de la connaissance, c’est-à-dire jusqu’à l’état où il prend conscience de lui-même, s’y présente dès ce moment sous les espèces de ce Vouloir, qui est de toutes choses celle que nous connaissons le mieux, et qui, par conséquent, n’est pas lui-même susceptible d’explication ultérieure, mais doit au contraire servir d’explication à tout le reste. Ce Vouloir est ainsi la « chose en soi », pour autant qu’on peut atteindre à celle-ci par un mode de connaissance quelconque.


De l’unité du Vouloir.

Le Vouloir se manifeste tout aussi intégralement et tout aussi intensément dans un seul chêne que dans des millions de chênes. Le nombre de ces chénes, leur multiplication dans l’espace et dans le temps n’a aucune signification par rapport au Vouloir, mais seulement par rapport à la multiplicité des individus qui le perçoivent dans l’espace et dans le temps, où eux-mêmes sont disséminés, multiplicité qui, elle non plus, ne concerne pas le Vouloir même, mais seulement sa manifestation phénoménale. Aussi peut-on dire que si, par impossible, un seul être, fût-ce le plus infime, était totalement anéanti, l’Univers entier devrait du même coup disparaître. C’est