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ii. de la nature

Nous marquons donc ici, en la faisant entrevoir au delà du phénomène, l’unité de ce Vouloir, dans lequel nous avons reconnu la réalité « en soi » de tout ce qui est phénomène. Cette unité étant de na- ture métaphysique, la connaissance qu’elle implique est donc elle-même d’ordre transcendant ; c’est dire que, ne reposant pas sur les fonctions de notre intellect, elle ne nous est pas proprement accessible par leur intermédiaire.


Degrés d’objectivation du Vouloir.

Au degré inférieur, tout au bas de l’échelle, nous verrions donc le Vouloir se manifester, dans le phénomène général d’attraction et de répulsion[1], comme une aveugle poussée, une sourde et obscure impulsion, soustraite à toute possibilité de connaissance directe. C’est là le mode le plus simple et le moins accentué de son objectivation, et c’est sous cette forme d’un effort aveugle et inconscient qu’il se manifeste encore dans toute la nature inorganique, dans toutes ces forces élémentaires que la physique et la chimie s’emploient à déterminer et dont elles cherchent à connaître les lois. Chacune de ces forces se présente à nous dans des millions de phénomènes absolument semblables et parfaitement réguliers,

  1. Ce qui précède immédiatement ce passage nous oblige à ajouter ces mots. (N. d. T.)