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Page:Schopenhauer - La Pensée, 1918, trad. Pierre Godet.djvu/184

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la pensée de schopenhauer

à lui ; or la force gît également hors du temps. Un changement particulier a toujours pour cause un autre changement particulier, et non pas la force qui s’affirme par son intermédiaire. Car cela même qui confère perpétuellement à une cause, quels que soient les cas innombrables où elle intervient, son efficacité, est une force de la nature, qui est comme telle inscrutable et sans raison, parce qu’elle gît en dehors de la chaîne des causes et des effets et, d’une façon générale, en dehors du principe de raison. La philosophie reconnaît en elle une objectivation directe de ce Vouloir, qui constitue l’être en soi de l’ensemble de la nature, tandis qu’aux yeux de l’étiologie (science des causes), qui est dans le cas particulier la physique, elle est une force originelle, c’est-à-dire une qualitas occulta. (W. W. V. vol. I, § 26.)

Imaginons une machine construite selon les lois de la mécanique. Des poids de fer lui donnent son mouvement initial grâce à leur pesanteur ; des rouages de cuivre résistent à la rupture par leur rigidité ; ils se poussent et se soulèvent les uns les autres, ou actionnent des leviers grâce à leur imperméabilité, etc., etc… Pesanteur, rigidité, imperméabilité, sont ici les forces originelles inexpliquées ; la mécanique