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Page:Schopenhauer - La Pensée, 1918, trad. Pierre Godet.djvu/196

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la pensée de schopenhauer

long chez les palmipèdes, qui cherchent leur nourriture à la nage et en plongeant sous l’eau. Les échassiers sont perchés sur des jambes de hauteur démesurée, pour pouvoir patauger sans se noyer ni se mouiller ; aussi ont-ils également le cou et le bec très longs, ce dernier fort ou faible, selon qu’il doit broyer des reptiles, des poissons ou des vers, et leur intestin est également toujours approprié à leur nourriture. Par contre, ils n’ont ni serres, comme les rapaces, ni membrane interdigitale, comme, par exemple, les canards, car la lex parsimoniae naturae n’admet aucun organe superflu. Or, précisément, cette loi d’économie, — si l’on a soin d’observer que d’autre part aucun animal n’est jamais privé d’aucun organe exigé par son mode d’existence, mais qu’au contraire tous ses organes, même les plus disparates, sont toujours comme concertés et calculés en vue d’un genre de vie très déterminé, en vue du milieu où il trouvera sa proie, en vue de lui permettre de la poursuivre et de s’en rendre maître, de la broyer et de la digérer — cette loi, dis-je, nous prouve que c’est la structure de l’animal qui a été déterminée par le genre de vie que cet animal voulait mener pour trouver sa subsistance, et non pas l’inverse. Elle nous montre aussi qu’en fin de