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Page:Schopenhauer - La Pensée, 1918, trad. Pierre Godet.djvu/205

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III, DE L’ART.
Le problème esthétique.

Le véritable problème de la métaphysique du beau peut se formuler très simplement ainsi : comment se peut-il que nous prenions du plaisir à un objet en dehors de toute relation de cet objet avec notre Vouloir ? (P. P. vol. II, § 205.)


L’esprit affranchi du Vouloir.

Tout Vouloir procède d’un besoin, donc d’une privation, donc d’une souffrance. À celle-ci l’assouvissement du désir met une fin ; mais contre un désir satisfait il en reste au moins dix à qui cette satisfaction est refusée. D’autre part la convoitise dure longtemps et ses exigences sont infinies ; tandis que la satisfaction est brève et étroitement mesurées Et même ce contentement final n’est qu’apparent, car le vœu réalisé fait immédiatement place à un autre ; le premier était une erreur qui a été reconnue, le second est une erreur qui ne l’est pas encore. Aucun objet auquel atteint le Vouloir ne saurait procurer de satisfaction stable et durable, mais il est