Page:Schopenhauer - La Pensée, 1918, trad. Pierre Godet.djvu/207

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
165
iii. de l’art

de leurs relations avec ce Vouloir, les considérant dès lors sans intérêt personnel, sans subjectivité, de façon purement objective, et s’abandonnant tout entière à elles, pour autant qu’elles sont seulement représentations et non plus motifs : alors ce repos, que toujours nous cherchons et qui toujours nous échappe sur le chemin du Vouloir, s’installe en nous d’un coup et de lui-même, et nous connaissons la plénitude du bien-être. C’est l’état affranchi de toute douleur célébré par Epicure comme le souverain bien et comme l’état des dieux ; car, pour un moment, nous cessons de subir la vile impulsion du désir, nous fêtons le sabbath des travaux forcés du Vouloir ; la roue d’Ixion s’arrête.

Peu nous importe alors de voir le coucher du soleil du fond d’un cachot ou des fenêtres d’un palais.


Le « pur sujet connaissant » et « l’Idée platonicienne ».

Lorsque, soulevé par la force de l’esprit, l’être humain cesse de considérer les choses de la façon qui lui est habituelle, c’est-à-dire de poursuivre, au fil du principe de raison, leurs relations réciproques, qui finalement aboutissent toujours à son propre Vouloir, et qu’il cesse de voir dans les choses le « où », le « quand », le « pourquoi », pour n’y plus