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la pensée de schopenhauer

qui constitue l’attitude proprement contemplative. En tout cas il est parfaitement incapable d’y persister ; il ne peut fixer son attention sur les choses que dans la mesure où elles sont, fût-ce même très indirectement, en rapport avec son Vouloir. Comme il ne s’agit jamais, dans ce cas, que de discerner des relations, le concept abstrait de la chose suffit à cette tâche ; il y est même en général plus propre que tout autre mode de connaissance. Aussi l’homme ordinaire ne s’arrête-t-il guère à la pure contemplation ; il n’attache pas longtemps son regard sur aucun objet ; quelle que soit la réalité qui s’offre à lui, il se contente bien plutôt de chercher rapidement — comme le paresseux qui cherche une chaise — le concept sous lequel il y a lieu de la ranger ; après quoi elle cesse de l’intéresser. C’est pour cela qu’il en a toujours si vite fini avec toutes choses, avec les œuvres d’art comme avec les beautés de la nature, non moins qu’avec les spectacles, en réalité toujours significatifs, que présente la vie. Pour lui il ne s’y attarde pas ; dans la vie, c’est seulement son chemin qu’il cherche, ou tout au plus ce qui pourrait une fois ou l’autre « devenir » son chemin, ce qu’on peut donc appeler, au sens large du terme, des renseignements topographiques ; mais il ne perd pas son temps à la contemplation de