Page:Schopenhauer - La Pensée, 1918, trad. Pierre Godet.djvu/323

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
281
v. morale et religion
Immuabilité du caractère.

Le caractère est invariable : tout être humain reste sa vie durant ce qu’il est. Sous une enveloppe extérieure changeante, à travers toutes les transformations qui peuvent se produire au cours des années dans ses conditions d’existence, voire même dans ses notions et dans ses idées, l’homme proprement dit demeure — telle l’écrevisse sous la carapace qu’elle rejette pour en revêtir une autre — immuable et toujours pareil à lui-même. S’il subit du fait de l’âge, lequel entraîne avec lui des besoins différents, certaines modifications apparentes, celles-ci portent uniquement sur l’orientation vers d’autres objets d’un Vouloir par ailleurs identique. L’homme ne change jamais : comme il a agi une fois, ainsi il agira de nouveau, chaque fois qu’il se trouvera placé dans des circonstances en tous points semblables (et à condition qu’il soit lui-même en mesure de bien connaître ces circonstances telles qu’elles sont réellement). C’est là une vérité d’expérience et qui s’appuie sur des faits de la vie de tous les jours. En veut-on un exemple particulièrement frappant ? C’est le cas où nous retrouvons, après vingt ou trente ans de séparation, telle personne chez qui nous pouvons bientôt surprendre exactement les mêmes tics et les mêmes manies que nous lui connaissions jadis. Cette immua-