Aller au contenu

Page:Schopenhauer - La Pensée, 1918, trad. Pierre Godet.djvu/349

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
307
v. morale et religion

bon, les dogmes n’ont en somme aucune influence : les dogmes faux ne la gênent pas, les dogmes vrais ne peuvent guère l’accroître. Au reste il serait vraiment fâcheux que l’essentiel de la vie humaine, sa valeur morale, ce par quoi elle touche à l’éternité, dépendît de facteurs aussi fortuits que les dogmes, les credos religieux et les théories philosophiques.

La bonté véritable des sentiments et des intentions, la vertu réellement désintéressée, l’authentique noblesse du cœur ne procèdent donc pas d’une connaissance abstraite ; mais elles procèdent tout de même d’une connaissance : à savoir d’une intuition immédiate, qu’aucun raisonnement ne saurait ni nous procurer ni nous arracher et qui, précisément parce qu’elle n’est point abstraite, n’est pas non plus communicable. Il faut qu’en chacun de nous elle se produise d’elle-même. C’est dire qu’elle ne trouvera pas son expression véritable et adéquate dans le langage des mots, mais seulement dans les actes, dans la conduite, dans la vie même de l’individu. (W. W. V. vol. I, § 66.)