Page:Schopenhauer - La Pensée, 1918, trad. Pierre Godet.djvu/37

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à Weimar, et y continue seul ses études. Dès ce moment éclate le conflit de nature, aggravé bientôt par les circonstances, qui devait séparer pour toujours le fils et la mère. Schopenhauer reprochait à celle-ci sa frivolité ; insociable lui-même, il détestait la vie mondaine qu’elle aimait. Elle, d’autre part, raisonnablement affectueuse au début envers un fils fort difficile à vivre et dont elle jugeait les défauts avec clairvoyance, semble néanmoins n’avoir pas compris les ressources profondes d’un esprit qui impliquait une conception de la vie toute différente de la sienne.

Dès 1809, Schopenhauer est étudiant à l’Université de Gœttingen. Inscrit d’abord comme étudiant en médecine, il passe peu après à la philosophie, non sans faire la plus large part dans son programme aux diverses sciences de la nature. A l’étude approfondie de Platon et de Kant il ajoutera bientôt celle des Indous, dont il devra la découverte à ses relations avec l’orientaliste Majer. En 1811, il quitte l’Université de Gœttingen pour celle de Berlin. Il y assiste, entre autres, au cours de Fichte, dont il commente avec ironie l’enseignement dans des notes personnelles. Empêché par la guerre de l’indépendance — à laquelle il ne voulut point lui-même participer — de prendre à Berlin son grade de docteur, il l’obtient en 1813 de l’Université d’Iéna, avec sa thèse Sur la quadruple racine du principe de raison suffisante.

Rentré à Weimar auprès de sa mère, il noue pour un temps des relations assez amicales avec Gœthe. Celui-ci le juge intéressant, original et spirituel, mais avec la réserve d’un homme qui pressent dans le jeune philosophe une supériorité fort différente de la sienne. À son instigation Schopenhauer entreprend à son tour des recherches sur la théorie optique des couleurs. Mais des divergences de vue sur cet objet ne tardent pas à se manifester entre eux, et la