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v. morale et religion

ce prototype de tout rationalisme. Ils prétendent ne laisser subsister du christianisme que ce qu’ils en tiennent pour vrai au sens propre : Dieu et l’âme immortelle. Mais quand ils se réclament ici, avec l’impudence de l’ignorance, de la raison pure, il faut leur répondre en leur servant la critique de cette raison pure ; il faut les obliger à comprendre que ces dogmes qu’ils choisissent dans le christianisme et qu’ils en retiennent comme seuls conformes à la raison ne reposent eux-mêmes que sur l’application à un ordre transcendant de principes purement immanents, qu’ils représentent donc eux-mêmes un dogmatisme philosophique insoutenable parce que dénué de toute base critique, tel précisément qu’il se trouve réfuté à chaque page de la « Critique de la raison pure », laquelle en a démontré la complète vanité. Aussi bien son seul titre ne marque-t-il pas déjà l’opposition que cette critique fait au « rationalisme » ? Ainsi donc, tandis que le supranaturalisme enferme au moins une vérité d’ordre allégorique, on ne peut concéder aucune sorte de vérité au rationalisme. Les rationalistes ont purement et simplement tort. Le seul rationaliste authentique et légitime, c’est le philosophe, qui, comme tel, s’est émancipé de toute espèce d’au-