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v. morale et religion

jettent par-dessus bord cette vérité, et avec elle tout ce qui fait proprement l’essence du christianisme, nous ramenant ainsi pas à pas jusqu’au point où Voltaire était parvenu d’un seul bond il y a 80 ans.


Protestantisme et Catholicisme.

En éliminant de la religion l’ascétisme et en particulier le principe autour duquel il gravite, le mérite du célibat, le protestantisme abandonnait en réalité déjà ce qui constitue l’essence même du christianisme ; en ce sens, on peut même dire qu’il s’en sépare et le renie. On s’en aperçoit bien de nos jours, où il dérive de plus en plus dans un plat rationalisme, vrai pélagianisme moderne, pour réduire finalement la religion à la doctrine d’un Père bienveillant qui aurait créé le monde pour le plus grand agrément de ses habitants — ce en quoi il en doit trouver, vraiment, qu’il n’a guère réussi — et qui, pour peu que nous nous conformions sur certains articles à sa volonté, nous réserverait pour la suite une vie encore bien plus agréable — dont il faut seulement déplorer qu’on y accède par un si funeste passage. C’est là peut-être la religion qu’il faut à des pasteurs protestants mariés, confortables