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v. morale et religion

férence entre le théisme et l’athéisme se ramènerait à une différence d’espace ? En réalité, voici ce qui en est : « Dieu » étant par essence objet et n’étant jamais sujet, sitôt qu’on pose Dieu, je ne suis plus rien. Il est vrai que si l’on affirme l’identité du subjectif et de l’objectif, on peut aussi affirmer celle du théisme et de l’athéisme. Nous savons en effet que toutes les antithèses sont relatives et qu’à propos de chacune d’elles on peut s’élever à un point de vue plus général d’où la contradiction disparaît. Mais, cela fait, on n’en est pas plus avancé.

S’il y a un Dieu qui a créé le monde, je ne voudrais pas être à sa place : la misère de ce monde me déchirerait le cœur.

Qu’est-ce qu’un « déiste » ? Un juif incirconcis.

Cela même qui s’affirme en nous comme Vouloir-vivre est aussi cela qui nie ce Vouloir et s’affranchit ainsi de l’existence et de ses souffrances. Admettons qu’en l’envisageant exclusivement sous ce second aspect, on puisse tenir ce « quelque chose » pour distinct et différent de nous-mêmes, qui sommes ce qui veut la vie : si, de ce point de vue, c’est--