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vi. fragments divers

en créant la femme plus faible que l’homme, lui a assigné comme unique recours, à défaut de la force, la ruse ; d’où sa fourberie instinctive et son invincible penchant au mensonge. Comme elle a donné au lion ses griffes et ses dents, à l’éléphant et au sanglier leurs défenses, au taureau ses cornes, à la sèche l’encre qui lui sert à troubler l’eau autour d’elle, la nature a donné en partage à la femme, pour se protéger et pour se défendre, la faculté de feindre. Elle lui a dispensé sous cette forme toute la puissance que l’homme tire de sa vigueur physique et de sa raison. L’art de dissimuler est donc inné chez la femme ; la plus sotte en est douée presque au même degré que la plus intelligente. Il lui est aussi naturel d’en faire usage en toute occasion qu’aux divers animaux d’employer leurs armes respectives à se défendre contre leurs ennemis ; ce faisant, elle a en quelque sorte le sentiment d’user d’un droit. Aussi peut-on se demander s’il a jamais existé une femme absolument véridique et sincère. Pour cette raison même les femmes pénètrent la dissimulation d’autrui si aisément, qu’il n’est pas prudent de recourir contre elles à cette arme. — L’infidélité, la trahison, l’ingrati-