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vi. fragments divers

au cours plus ou moins trouble de ses pensées et de ses sensations personnelles, qu’il est réellement et absolument lui-même. À ce moment le regard d’un physionomiste pénétrant a des chances de saisir d’un seul coup l’ensemble de son être ; car son visage, pris en lui-même et à lui seul, donne alors la note fondamentale de toutes ses pensées et de toutes ses aspirations. On y peut lire l’« arrêt irrévocable » qui veut que cet homme soit ce qu’il est et ce qu’il n’a pleinement conscience d’être que lorsqu’il est seul.


Hasard, fatalité et providence dans la vie de l’individu.

La croyance à une providence particulière, ou plus généralement à une direction surnaturelle des événements de la vie individuelle, a été de tous temps une des croyances favorites de l’homme. Même des penseurs qui répugnaient à toute superstition s’y sont montrés parfois inébranlablement attachés, et cela en dehors de tout système dogmatique déterminé.

Il est sans doute extraordinairement osé de prétendre attribuer au hasard pur et simple, au hasard évident et tangible, une intention. Et pourtant je